Edouard Martin, eurodéputé PS et ex-syndicaliste CFDT
PS : la machine à transformer les ouvriers en tristes “technos”
Edouard Martin, eurodéputé PS et ex-syndicaliste CFDT, a estimé, ce matin sur France inter, que les trente nouveaux CDI sur le site de Florange sont un signal “plutôt positif” et traduisent une reprise de “la dynamique des embauches”. Il est loin le leader ouvrier qui n’hésitait pas à qualifier de “traître” le gouvernement Ayrault. Désormais, il s’exprime comme un parfait technocrate.
Quant à ses anciens camarades de luttes de la CGT et de FO, ils ont tout simplement décidé de sécher la visite de François Hollande sur le site de Florange, la CGT appelant à une manifestation contre le chef de l’Etat, FO optant pour « l’indifférence ». Ces derniers, il faut dire, avaient déjà érigé, en 2013, une stèle en mémoire des promesses non tenues du candidat François Hollande…
Au-delà des « voilà » et des « heu », Edouard Martin a tout de même ponctué son interview de quelques « il n’est absolument pas question de se féliciter », de « bien sûr, c’est la tristesse », « c’est la colère » ou bien encore de « la fermeture des hauts fourneaux de Florange reste et restera pendant longtemps une blessure béante ». Néanmoins, on a du mal à reconnaître le bouillonnant et charismatique leader syndicaliste. Lors de la bataille de Florange, il avait marqué les esprits pas ses prises de parole et ses positions radicales malgré son appartenance à la très réformiste CFDT, éclipsant d’ailleurs totalement les syndicats CGT et FO, normalement maîtres sur ce terrain-là. On pouvait même se féliciter, au moment des européennes, qu’un tel bonhomme puisse entrer au PS : un ouvrier au Parti socialiste, c’était si rare. Et son franc-parler — pouvait-on espérer — allait un peu secouer tout ce beau monde.
Hélas, ce matin dans le 7/9 de France inter, l’ancien syndicaliste s’est fait plus hollandais que Hollande ne l’aurait été lui-même. Ses déclarations rivalisent avec celles du président de la République comme le 14 juillet dernier face à David Pujadas. « La reprise est là mais elle est trop fragile, trop hésitante, trop vulnérable… », affirmait le premier. « Zéro pourcent au deuxième trimestre… » lui rétorquait le journaliste. Ce qui entraîna cette réponse mémorable du chef de l’Etat : « Oui, mais au-delà des chiffres… »
Edouard Martin en est donc là, dans ce monde étrange « au-delà des chiffres ». Quelques mois à peine à côtoyer des socialistes et voilà qu’il parle désormais comme un « techno » tout juste sorti de l’ENA et déshumanisé. Lui qui pourtant, les dents serrées par la colère, laisser échapper un « putain, traître » (à partir de 0’45” dans la vidéo ci-dessous) à l’écoute des annonces du gouvernement Ayrault au plus fort de la crise de Florange.